Je n’arrive pas vraiment à croire que ces photos désormais d’archives ont été prises il y a presque un an. J’ai l’impression que c’était hier. Mais, en même temps, ça semble si loin. Un temps révolu d’indépendance, des sorties, des bars et de la vie active. La vie où l’on pouvait voyager et se coller aux gens en festival…
Je ne me reconnais plus vraiment avec ces cheveux. Pourtant, j’ai vraiment adoré les porter courts. J’avais vraiment le sentiment d’être davantage moi-même… Mais, j’ai l’impression étrange de regarder quelqu’un d’autre. Quelqu’un d’autre dans un endroit que j’ai adoré… Mais que, paradoxalement, j’ai du mal à désormais nommer “maison”. Les colocations n’étaient décidément déjà plus de mon âge. C’est difficile pour une personne comme moi de ne pas avoir sa bulle, les choses à leur place, de l’ordre ou bien ce désordre qui m’appartient. Les colocations, ça passe ou ça casse. Pour moi, ça a brisé beaucoup de choses. Mais, ça m’a aidé à réaliser qu’il y avait des choses que je n’arrivais plus à accepter. J’ai aussi appris qu’il y avait des gens qui arrivaient à vivre ce genre de vie, désordonnée, hors du temps, loin des responsabilités, mais surtout que je n’en faisais pas partie.
Je rêve d’un appartement, c’est vrai. J’y pense chaque jour qui passe. Évidemment, j’ai envie de m’y terrer avec mes plantes (celles qui auront survécu et celles qui auront rejoint la collection), d’avoir mon espace pour créer, être moi, être seule. J’en ai affreusement besoin…
J’ai “découvert” mon hypersensibilité sur le tard. Certes, j’ai toujours été très émotive, beaucoup trop émotive. Mais, on m’avait toujours fait comprendre que j’étais dramatique. Je ne le suis pas. Néanmoins, le monde est trop pour moi. Il est trop bruyant, trop lumineux, trop éprouvant. Il y a des jours où tout est difficile. Mais, il y a des jours où ce trop plein est merveilleux. Le monde est beau, les gens sont bons, la vie est un incroyable cadeau. Je chéris ces jours. J’essaie de m’en souvenir quand me lever est trop difficile, quand entendre les gens parler me fait mal jusqu’aux os. Aussi, j’essaie de me le rappeler chaque jour quand je finis sur les rotules. Toujours épuisée, même de n’avoir rien fait.
Mon cerveau est trop sollicité, mon corps est fatigué, je ne veux rien ni personne. Je veux me coucher. Ça ira mieux demain (“du moins je l’espère. Parce que c’est déjà ce que je me suis dit hier”, comme dirait Bénabar. Oui, j’écoute toujours du Bénabar). Aujourd’hui, ça va. Et, le jour où ces photos ont été prises les choses allaient bien aussi. Difficile de me dire que quelques heures plus tard, je finirai encore et encore par pleurer. Toutes les larmes de mon corps jusqu’à l’épuisement. Allez, en 2021, on lâche moins de larmes, Steffi, promis.